Il existe 250 centrales nucléaires (dont plus de 450 réacteurs nucléaires) dans le monde éparpillées dans 31 pays. Un réacteur nucléaire produit environ 1 000 MW d’électricité.
La production d’électricité à Madagascar est d’à peine 500 MW. C’est la moitié de la production d’un seul réacteur. Les taux d’accès : 15% en général, dont 58% en milieu urbain et 4,7% en milieu rural. L’objectif en 2030 est d’atteindre 70%. Nous pouvons à peine fournir de l’électricité à une minorité des menages et pourtant nous avons une ambition de développer nos industries. Cette manque d’énergie est une des principales causes du sous-développement.
Comme d’habitude, l’Afrique est le dernier de la liste en matière de nucléaire. Seul l’Afrique du Sud possède 2 réacteurs nucléaires depuis 1984. Bien que l’Afrique dispose de nombreuses matières premières, elle ne peut pas profiter de l’industrialisation en raison du manque d’électricité. Nous savons que le plus grand barrage hydroélectrique en construction en Éthiopie est l’objet de litige avec plusieurs pays. Si vous regardez la consommation d’électricité en Afrique en 2018, un total de 723 TWh, elle est à peine au dessus de la consommation de l’Allemagne, 567 TWh. À notre connaissance, 11 pays africains envisagent actuellement d’installer des réacteurs nucléaires. Si ces projets sont menés à terme, cela changera considérablement le niveau de développement du continent.
Une centrale nucléaire produit du gaz à partir de l’énergie nucléaire pour faire tourner des turbines qui produisent de l’électricité. Cette centrale a besoin d’eau pour se refroidir. Les matières premières utilisées sont radioactives et les déchets sont enfouis profondément sous terre car il faut des centaines et des milliers d’années pour se dissoudre… c’est le principal danger, outre le risque de fissuration et de surchauffe. La technologie utilisée en 2030 entrera dans la 4ème génération, qui est considérée comme meilleure et plus sûre. Ainsi, on peut dire que l’énergie nucléaire est quand même propre et n’est pas aussi « catastrophique » comme le classifie certains activistes.
72 % de l’électricité en France est d’origine nucléaire (58 réacteurs). 13 % de l’Allemagne, qui est plus petite (huit réacteurs). Cette dernière vient de fermer toutes ses centrales après avoir vu les problèmes au Japon récemment (Fukushima 2011) et projète de cesser l’utilisation du charbon à partir de 2038.
La Chine est en train de construire un grand nombre de centrales nucléaires pour atteindre l’objectif de 200 GW (oui, c’est bien du GIGA !) en 2035. L’Inde est en train de négocier la construction d’une centrale nucléaire de 20 GW pour alimenter 70 millions de foyers . La France est le principal fournisseur de technologie nucléaire de la Chine et de l’Inde… en plus des États-Unis, du Japon et de la Russie. Malgré cela, les États-Unis restent en tête avec 98 centrales nucléaires, après la Chine, devenue le deuxième plus grand pays, qui va commencer à exporter la technologie nucléaire 100 % chinoise.
Je ne dis pas faisons du nucléaire car nous n’avons ni la technologie ni l’investissement nécessaire, pour le moment. Le coût d’un réacteur nucléaire peut atteindre 2 milliards d’euros. Je dis que Madagascar devrait avoir une vision plus large et se pencher sur une stratégie appropriée (nucléaire ou pas) pour augmenter les sources d’énergie et augmenter la production d’électricité. Nous ne pouvons pas développer le pays sans énergie électrique suffisante :
🔴 n’espérons pas se débarrasser du charbon pour la cuisson des aliments même si on va multiplier par 2 ou 4 la production d’électricité actuelle car cela ne suffira pas… pour plus de 6 080 000 foyers recensés dans le RGPH3. N’oublions pas non plus que nos forêts sont en train de disparaître à une vitesse folle (plus que 10% de couverture forestière) ;
🔴 détrompez-vous en matière d’industrialisation, nous ne pourrons pas faire tourner de grandes usines avec du solaire et de l’éolien pour plusieurs raisons: l’investissement nécessaire à la première installation, la limite de la charge qu’elle peut supporter et la possibilité limitée de stocker l’électricité. Il vaut mieux opter pour une industrie légère ;
🔴 il n’est pas bon de se fier uniquement aux barrages hydroélectriques car avec le changement climatique, il y a le problème d’étiage qui limite sérieusement le débit de l’eau et par conséquent la capacité de production de ces centrales hydroélectriques. Même si le pays a un grand potentiel de 7 800 MW selon les études faites, il y aura des problèmes. Regardez l’exemple de Sahanivotry Antsirabe qui ne peut produire que 1 Mw en période d’étiage au lieu de 15 Mw. Même cas pour Andekaleka ;
🔴 il vaut mieux aussi exploiter nos pétroles et nos charbons de terre rapidement avant qu’il soit trop tard car il est déja prédit que le monde manquera de pétrole et tous les pays cesseront d’utiliser le pétrole vers 2030 – 2050. l’Union européenne, par exemple, a déjà décidé de cesser la commercialisation des voitures thermiques en 2035 au profit des voitures électriques ;
🔴 Enfin, n’oubliez pas, il n’y aura pas de développement sans énergie suffisante. Les pays développés ont pollué et continuent de la faire avant qu’ils fassent la transition vers de l’énergie plus propre. (L’allemagne vient de laisser le nucléaire mais a augmenté l’utilisation d’une énergie plus sale qu’est le charbon de terre). A nous de méditer sur le chemin à prendre pour un développement rapide et durable.
Njaka RAJAONARISON
(Version revue de la publication du 09/07/2021)